Histoire de l’amidonnerie française

Activité souvent méconnue, l’amidonnerie est pourtant une activité présente de longue date en France et en Europe. Le succès d’une telle longévité tient en grande partie aux nombreuses qualités de l’amidon, une ressource naturelle indispensable à de nombreux secteurs alimentaires et industriels. Découvrez dans cette page les principaux jalons de l’histoire de l’amidonnerie française, de l’Antiquité à nos jours.

Les débuts de l’histoire de l’amidonnerie : de l’Antiquité à l’ère préindustrielle

Réserve d’énergie de nombreuses plantes, l’amidon est utilisé depuis l’Antiquité. À l’époque déjà ses usages sont multiples : alimentation, pharmacie, cosmétiques, colle ou fabrication des papyrus (l’amidon est toujours aujourd’hui un intrant indispensable de la fabrication de papier).

Ce sont les Grecs, deux siècles avant J-C qui mettent au point une technique d’extraction de l’amidon « sans meule », par macération du blé. Cet « art d’extraire l’amidon » est ensuite transmis aux Romains avant de se propager dans le reste de l’Europe et notamment la Gaulle.

Le Moyen-Âge marque le déclin de cette activité dans le royaume de France qui est en grande partie alimenté par la Hollande. L’amidonnerie française renait à partir du XVIIème siècle, avec les premiers développements manufacturiers. Les implantations se multiplient : Paris, Rouen, Lyon, Toulouse, Lille, Marseille… L’amidon est alors exclusivement extrait du blé.

Les Révolutions industrielles et le début du XXème siècle

L’ère industrielle, est une période charnière pour l’histoire de l’amidonnerie française. Les innovations technologiques qu’elle amène vont accélérer le développement du secteur, notamment sur la base d’une nouvelle matière première : la pomme de terre. En 1810 ouvre près de Strasbourg la première féculerie française (Société Bloch) qui produit de la fécule, l’amidon issu de pommes de terre. Elle est rapidement suivie par d’autres, d’abord dans les Vosges, puis dans l’est de la France ainsi que dans l’Oise et la « Seine-Oise ». En 1875 la France compte 550 féculeries. Deux autres innovations majeures interviennent au début du XIXème siècle :

  • À partir des années 1810 : le développement des glucoseries
  • En 1836 : la découverte d’un nouveau procédé en amidonnerie de blé

La deuxième moitié du XIXème siècle voit en parallèle le développement d’autres matières premières : riz, manioc puis, surtout, maïs. Il faut dire que de toutes ces matières premières, le maïs détient naturellement la teneur d’amidon la plus élevée (65%). De quoi attirer l’intérêt de nombre d’amidonniers, au détriment des féculiers qui traversent une crise majeure dès le début du XXème siècle. La rivalité qui oppose féculiers et amidonniers de maïs atteint son paroxysme dans les années 1930. Ces tensions s’apaisent au sortir de la seconde guerre mondiale. En 1946 est créée l’Union des Syndicats des Industries des Produits Amylacés & leurs dérivés (USIPA) qui va fédérer l’ensemble des fabricants.

Après 1945 : modernisation des outils et restructuration du secteur

Grâce à la modernisation de l’activité, et à la poursuite de la restructuration du secteur, l’industrie amidonnière connait une croissance fulgurante durant les Trente Glorieuses : entre 1950 et 1960 la production amidonnière est multipliée par 5 ! Dans les années 1970, soutenue par une demande forte des diverses industries-clientes, et des savoir-faire désormais ancrés sur le territoire, l’amidonnerie française développe considérablement ses exportations. Autre fait marquant de l’histoire de l’amidonnerie à cette période : la renaissance de l’amidonnerie de blé qui, à la suite des investissements des années 1980 et 1990, redevient majoritaire au début du XXIème siècle.

Le début des années 2000, marqué par la mondialisation des échanges, voit le mouvement de concentration du secteur se poursuivre : il est aujourd’hui composé de 4 acteurs sur le territoire français. Cette concentration permet aussi à l’amidonnerie française de poursuivre son développement à l’export et de conforter sa place de premier producteur européen.

XXIème siècle : mondialisation des échanges et innovations

Fidèle à son histoire, l’amidonnerie française continue à innover pour améliorer ses produits, ses procédés et répondre aux nouvelles attentes du consommateur. C’est ainsi que, depuis 2017, une nouvelle matière première est utilisée : le pois protéagineux. Riche en amidon il l’est aussi en protéines végétales de grandes qualités, de quoi répondre aux demandes de consommateurs en quête de végétalisation de leur assiette.

Cette page a été réalisée grâce au concours de Jean-Luc Pelletier, Auteur de L’Amidonnerie-féculerie en France de la Deuxième Guerre Mondiale à nos jours – Un fleuron méconnu de l’histoire de la France industrielle (Éditions SPM – 2021)

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